Saison actuelle
La saison des neiges, ou saison de la nuit dans le nord du monde. La neige recouvre la terre et la nuit quasi-perpetuelle couvre le septentrion.
« saym » telescope
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« saym » telescope

Aïva
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Sam 17 Déc - 19:32
Aïva



telescope

le piaf chantonne
il scande son susurre et ses paroles que tu ne comprends guère ; ça t’agace. tu veux comprendre séraphin. tu veux capter les secrets qu’il divulgue à ses potes sans que tu n’en saches un traître mot. il conserve ses songes pour lui et se refuse à t’en donner un bout - même ridicule. il est égoïste le piaf. et tu lui coules un r’gard mécontent. et tu le chasses d’un geste nonchalant.
la neige t’embrasse subtilement
elle t’enveloppe de son manteau blanc et chasse les dernière feuilles sur les branches osseuses. un frisson s’écrase contre ton échine tu t’agites. il commence à cailler sur ton bout de pelouse piégée dans le givre.
et finalement un autre piaf pénètre ta vision
une chouette ou un hibou
et kajaal saute dessus avec l’énergie du condamné.
« lâche-la ! » tes cris se répercutent longuement sans que le renard ne lâche prise. « lâche la chouette ! lâche-la kajaal ! » l’animal est fou. l’animal s’accroche à sa proie comme s’il s’agissait d’un trophée. d’une proie. et c’est ta faute andrea ; rongé par la faim il ne souhaite que combler vos bides qui sonnent creux depuis un moment déjà. parce que tu te refuses à chasser sans sentir tes entrailles mourir. parce que tu ne peux te résoudre à prendre une vie sans pouvoir donner la tienne en échange. alors tu récupères sa queue au risque de le perdre pour de bon et l’enserre de tes bras malingres. « arrête kajaal. mon kajaal. c’est pas toi ça t’es pas un criminel. » il n’est pas comme toi. il ne tue pas kajaal il n’est que douceur et délicatesse.
et le rapace tombe dans un son ténu
la pauvre bête
elle est morte ? une grimace s’immisce sur ton doux profil à mesure que tu avales les pas qui vous séparent tu caresses son plumage et son ventre se gonfle d’oxygène. tu touches et frôles encore tout en murmurant des paroles tendres. tu penses à l’achever le temps d’une seconde de peur de l’obliger à subir une douleur qui l’emportera mais c’est dur. c’est trop difficile d’accepter le funeste et tragique destin. alors tu reluques le piaf abîmé et cherches la zone ensanglantée ; la vraie. tu y trouves des petits trous peu profonds et récupères un linge propre dans ton sac. une chemise ? tant pis.
tu t’apprêtes à toucher le volatile lorsqu’un énième cri déchire sa gorge en écho à des bruissements futiles. mais rien ne porte le titre de négligeable dans la forêt ; tout est synonyme de danger. l’amère expérience passée te harcèle. elle tambourine dans ton crâne. tu te remémores le carreau tiré à quelques centimètres de ta crinière soigneusement domestiquée. et elwayn.
la petite fée
son souvenir te redonne un peu de baume au cœur
ce n’est pas pour rien que tu es là d’ailleurs. t’espères la revoir. tu pries pour la croiser.

BY MITZI


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Dim 18 Déc - 11:07
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A - Séraphin de Carheil.
Alda.
Il avait oublié le froid et l’obscurité, conscience et fierté, lorsqu’une larme avait fondu son visage de fer en frôlant les ondes douloureuses de ses cris, de ses appels. Seul son nom fusait dans son esprit. Sa chouette, son compagnon frivole qui pourtant escortait sa voix d’un hululement serein, l’allégorie de sa propre vie, la facette doucereusement enchaînée aux lumières de ses silencieux regards ; sa chouette souffrait quelque part et il était le seul à saisir sa détresse à travers cette assourdissante note qu’émancipait son âme vers l’agonie. Son premier pas pour une course effrénée et dangereuse à travers la nuit n’était l’issu ni d’un réflexe, ni d’une rage incontrôlée, mais d’un amour muet et indéniablement du seul amour qu’il nourrissait encore.

Son fardeau du jour âgé d’une huitaine d’années ne pouvait pas comprendre le mal soudain qui était parvenu à affaiblir le mur de leur tribu. Il s’était contenté de ramasser les deux cadavres de lièvre qu’ils avaient réussi à débusquer malgré la neige avant de lui emboîter difficilement le pas, mais il n’avait pas l’expérience adéquate, et encore moins cet attachement à son cœur, pour naviguer librement entre les racines de Rhivarion à une vitesse tant effarée. Il crut perdre son aîné, dont la silhouette bondit et se mêla bientôt aux arbres et à l’obscurité, jusqu’à déboucher dans une si minuscule clairière qu’il ne le réalisa pas immédiatement.

« Recule ! hurla Saym à l’intention d’une ombre indéchiffrable. Ne la touche pas ! »

Saym descendit de la dernière branche ; il fit un saut sans réfléchir et ignora la douleur de ses genoux en se précipitant vers Alda. Elle gîtait au creux glacial de la neige, arborant une robe de sang qu’elle partageait avec le sol immaculé, et ses poumons soulevaient encore difficilement sa peau d’un rythme irrégulier et fou. Quelque chose la couvrait ; quelque chose, car il n’avait aucune connaissance de cette forme étrange, de ce tissu léger qu’il dégagea sans hésiter. Ses doigts tremblants effleurèrent ses ailes, son plumage d’une douceur inchangée, pour lui signaler sa présence ; puis il prit le corps contre lui, d’une délicatesse que l’on n’aurait jamais soupçonnée, et découvrit la morsure. Ce fut en relevant ses yeux qu’il remarqua le renard, et sa gueule teintée de rouge mettait sa faute à jour.

Mais au lieu de se libérer de son arc pour s’armer de sa hache, il pressa contre lui le peu de chaleur encore émanée de son amie, s’abandonnant à une tristesse et un soulagement perlés de larmes tandis qu’il balayait le souvenir semblable d’une chouette morte au même endroit, quelques années auparavant. La moindre colère ayant pu naitre s’était volatilisée. Il tenait le petit oisillon qu’il avait rendu orphelin ce jour-là, duquel se découlait aujourd’hui le même sang. Il finit par croiser le regard de l’ombre, qui n’était plus qu’un inconnu comme un autre.

L’enfant qui l’accompagnait le rejoignit et largua à ses pieds leur gibier en lui proposant de ramener la chouette à la tribu. Il recueillit le corps blessé dans ses bras frêles de bambin et ne prêta guère plus d’attention à l’inconnu en se retournant, profondément intrigué par les larmes étrangères qu’évacuait celui qui paraissait dépourvu d’eau en son cœur. Il les délaissa simplement et courut. Une atmosphère de mystère éclosit, deux perles grises sœurs de la neige, deux perles bleutés sœurs du ciel ; l’être invétéré dans la forêt et l’inconnu venu d’ailleurs. L’animal fautif attendant son sort. La forêt plongée dans le silence.
Blessure.
Egarement.
Colère.
Que faire ?
Mais il n’avait que trop connu cette lueur d’impuissance. Il l’avait rencontrée dans bien des yeux, ne serait-ce que dans les proies affamées perdues dans l’hiver qu’ils avaient chassées, ou les siens, avant, bien avant […] et il savait, comme il l’avait lui-même vécu, que l’on préférait être aidé. Alors il resserra brièvement sa cape en fourrure et jeta un regard sur les deux lièvres inanimés, rajustant son arc à son dos et sa hache à son port de cuir.

« Ton renard et toi devriez partir. »

Sa voix fut presque sourde. Il fit un pas, puis un second, et à chaque centimètre effacé entre eux, son regard regagna sa froideur. Lentement, il ramenait sa main vers le manche de son arme d’office traitresse de plusieurs têtes, jusqu’à attraper fermement le vêtement de l’étranger par la main libre qu’il lui restait.

« Prenez ces deux lièvres et partez d’ici ! » cria-t-il.
Nous craignons plus la douleur que la mort.


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Aïva
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Dim 18 Déc - 22:14
Aïva



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« recule ! » le cri déchire l’obscurité. la pénombre enveloppe l’étranger mais tu l’imagines aisément pleurer. sangloter. mourir déchiré par les crocs -vulgaires violeurs de chair- de ton beau renard. « ne la touche pas ! » et tu te sens sale. et tu te débecte. l’envie de vomir te taraude. et si elle meurt ? et si elle clamse la belle aux plumes fauves ? tu te r’gardes dans le miroir que sont ses yeux et éloignes tes paumes de son petit corps fébrile. sa poitrine dessine de fabuleux bonds et quelques pirouettes maladroites. elle est terrifiée la chouette. apeurée d’avoir tant approché le feu et d’y être tombée. alors tu caresses kajaal. lui aussi pleure. lui aussi tremble de toute son âme comme peiné par la violence de son acte. lui qui ne dérobe aucune vie -tu souhaites protéger son innocence- et ne rechigne jamais face au nombre de pas esquissés dans le désert.
pauvre bête
ainsi rongée par un instinct qu’il ne reconnaît pas ; c’est ta faute gamin. c’est ta faute séraphin. et l’autre saute de sa branche -comme tombé des cieux en colère. il y roule des nuages peu commodes et de la neige. il y pleut des larmes gelées de la même couleur que les vôtres parce qu’il chiale l’autre. et tu l’accompagnes. tu enserres kajaal. tu le protèges de tes bras tendres. qu’il réclame le sang le môme -qu’il ose. tu te doutes qu’il est en droit d’exiger ce qu’il souhaite pour ce que tu lui as volé sous la forme de dents aiguisées. tu recules d’un pas et te redresses. l’envie de détaler s’est enchassée quelque part où tu ne te trouves plus. elle s’est échappée à mille lieues d’ici sans laisser aucune trace. tu caresses la peau tiède du r’nard. ses pleurs coulent mais pas l’ombre d’une perle ne touche ses paupières rousses.
parce que c’est un r’nard
juste un animal
et qu’il larmoie uniquement bruyamment
l’estropiée passe de mains en mains. et tu ne comprends rien à leurs susurres. et tu ne cherches pas à les saisir pour autant. tu demeures là figé tel l’enfant perdu et bousillé. tu embrasses ta destiné en le reluquant un moment. il te ressemble pas le fils des bois. mais vous êtes pareils. loin des vôtres à ce moment. de simples âmes qui rôdent dans les bois et se risquent à s’affronter du r’gard le temps d’une seconde avant qu’il ne reprenne mouvement et voix. tu te figes tu l’écoutes et t’arrêtes de respirer. « ton renard et toi devez partir » il t’épargne. tu le détestes. il te chope par le col et -malgré vos centimètres semblables- tu te décomposes. t’es contre la violence morveux mais il n’est pas dans ce cas. il n’est pas comme toi.
c’est un autre
et tu lui coules une œillade peinée. « prenez ces deux lièvres et partez d’ici ! » tes billes s’écarquillent. et tu restes là comme un con. et tu bouges pas d’un cil. tes yeux papillonnent un instant voilés par de longs cils pâles et tu l’observes sans calquer un mot de ce qu’il dit. tes lèvres s’ouvrent et exhales un souffle malaisé. tu te recules encore pas par peur mais par respect. l’espace vital un truc comme ça. et parce qu’elwayn parlait d’odeurs déposées sur les corps aux contacts prolongés. si les autres le sentent, si les siens le remarquent. mais est-il seulement une bête lui ? est-il comme celle aux oreilles agitées ? « je ne peux pas » tu lui adresses un œil inquiet. « c’est ta proie » tu te fermes. « et le garçonnet que mangera-t-il ? et toi ? » tu hausses les épaules et rejettes fermement sa proposition de la bouille. kajaal s’agite. tu conserves ses lèvres entre tes paluches pour éviter qu’il ne morde.
pour palier à une possible récidive
et s’il était fou l’animal ?
impossible. il couine et râle. tu renâcles douloureusement et craches quelques paroles à peine audible. « … partager peut-être ? » lèvres pincées tu trouves ta suggestion difficile à gober. ton renard écorche sa chouette et tu demandes à dîner en sa compagnie pour te remplir le bide de sa bouffe durement acquise. tu ne peux que t’en vouloir et prier les dieux de te pardonner.
et tu pries « je suis désolé pour ton amie » son amie la chouette. parce que c’est ce qu’ils sont les bêtes des compagnons des copains d’infortune. et le tien t’est trop cher pour que tu le laisses. « j’espère qu’elle s’en sortira sans dommages » tu hésites « si je peux faire quoi que ce soit...  »
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Lun 19 Déc - 10:05
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A - Séraphin de Carheil.

« Je ne peux pas. »

Les courbes tracées par ses sourcils se creusèrent, il tenait à son calme malgré l’envie de lui donner un arrière-goût ancré de l’actuelle souffrance d’Alda […] et de sa contenance pour ne pas le blesser et planter les crocs dans le pauvre renard affamé. Une hache et un arc et des flèches décoraient son dos forestier en écartant sa lourde crinière, il s’agissait d’armes et d’un danger potentiel qu’il suffisait de tirer pour que toute la forêt hurle au sang. Une moindre étincelle déclencherait son agacement, sa violence étouffée par le désir d’essayer de les comprendre, de les épargner de la vie sauvage et brutale de la plupart des viridiens, de la forêt, tel qu’il aurait souhaité qu’on le sauve lui aussi de ce qu’on l’avait contraint à devenir. Ses prunelles salies et désespérées et finalement dégoûtées continuaient pourtant d'observer le monde et de le maudire de temps en temps, mais il n’y avait qu’Alda pour le savoir, pour picorer dans le bol d’or derrière ce rideau fade de gris qui couvrait ses émotions.

Son cœur toutefois ressentait la bataille de l’animal, l’obligeance de céder au non alors que l’instinct le poussait à dire oui. Il avait toujours cette faiblesse pour eux, pour leurs poils et leurs oreilles ou leurs queues ; pour eux, que les lois instaurées par la nature obligeaient cruellement à mourir. Sa mémoire le ramenait à ce temps d’égarement, où lui-même lui ressemblait, petit et frêle dans un milieu incompréhensible face au moindre inconnu armé qui pouvait apparaître, couvert par la faim et l’impuissance si ce n’était pour fuir. Son ami bipède ne s’en éloignait pas trop, simplement d’aspect plus sage et plus mûr, mais tout aussi vulnérable. Que pouvaient-ils manger, à deux ? Comment pouvait-il se soucier d’un garçonnet et d’un chasseur propres à la forêt ?

« Je suis désolé pour ton amie. »

Cet étranger se gonflait d’une miséricorde floue pour l’âme du chasseur. Son cœur ou ne serait-ce que ses oreilles n’avaient jamais rencontré la moindre excuse, ce qui le fit lâcher prise en l’observant fixement, l’écoutant débiter ce qu’il n’aurait jamais cru entendre un jour. Un peu de compassion. Et ses paroles coulèrent sans qu’étrangement il ne doutât de sa sincérité. La méfiance qu’il avait pour habitude d’entretenir envers qui que ce fût s’était tapie, lentement, doucement, dans les méandres de ses souvenirs.

C’était la faim. Juste la faim. Il ne pouvait pas en vouloir à un animal pour avoir suivi son instinct. Il ne pouvait pas en vouloir à un étranger pour ne pas connaître les manières des arbres, et encore moins pour s’excuser d’un acte dont il n’avait pas été l’ôte. Il ne pouvait pas se résoudre à les abandonner, innocents, entre les mains perverses de sa tribu, dont quelques membres arrivaient déjà depuis l’alerte que le petit avait lancée en déposant simplement Alda, blessée. Alda lui en voudrait. Un lourd silence cousit ses lèvres avant qu’il ne trouvât la force de parler.

« Pathétique. »

Saym s’avança automatiquement pour lui asséner un coup de genou dans le ventre, assez bref afin de ne pas s’y attarder, et sa précédente main s’empara à nouveau de son tissu pour le projeter et le renverser, l’affaler dans la neige. L’autre alla saisir son arc, puis libérer une flèche de son port et en pointer le bout entre ses deux perles bleues. La corde s’étirait jusqu’à se plaindre, menaçante entre ses doigts, sous les pulsions douloureuses de son palpitant qui demandait une rédemption. Il s’excusait sans le moindre son, regrettant la peur qu’il pouvait induire.

Le temps pressait. Il hésitait. Lâcher la corde ou la maintenir et le laisser fuir, lui accorder la vie. Offrir à un inconnu le bien qu’il s’était interdit. Le petit de huit ans parcourait la forêt et servait de guide pour les mener à eux ; s’il ne se chargeait pas de sa sentence, autre le fera.

« Va-t’en, » lui dit-il enfin. Ses doigts tressaillaient sous l’effort et la force de la ligne courbée et tendue. Il fermait les yeux sur ce que pouvait sentir le renard, sous ses réactions, son affolement. « Trouve de quoi chasser. De quoi t’hydrater. De quoi empêcher ton renard d’attaquer par la faim. De quoi l’empêcher de souffrir. Et va-t’en. Voilà ce que tu peux faire. » Des voix s’échappèrent derrière lui, lointaines et brumeuses, fondues dans le bruissement du feuillage. « Ils arrivent. Pars avant qu’ils ne t’attrapent. Ils seront sans merci. » La neige grinçait au passage de leurs pas de vétéran, irréguliers, et les branches tapaient contre certaines de leurs chausses. « Cours. Il ne t’arrivera rien. » Il ne les laisserait pas seuls comme il l’avait été. « Cours. Ne te retourne pas. » Puis il entendit son prénom, quelqu’un hurla pour connaitre sa position. Sa voix se termina en un murmure, une supplication.
« Cours. »
Nous craignons plus la douleur que la mort.


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Ven 23 Déc - 19:53
Aïva



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tu as besoin qu’elle survive la bête. qu’elle reste les billes ouvertes animées par un soupçon de félicité et du bonheur chimérique qui l’ont sûrement hanté depuis toujours. tu veux l’aider. tu veux endiguer le dieu des trépassés de ses prunelles de chouette avide et lui rendre l’étincelle qui s’éteint doucement dans les tiennes. parce que tu souffres pour lui pour elle. et s’il perd sa meilleure amie ?
et s’il perd un bout de lui ?
un morceau de son âme arraché comme ton corps s’est déchiré lorsque le trait d’un assassin a frôlé ton kajaal quelques jours plus tôt. un bout de son cœur laminé et tailladé par quelqu’un qui ignore ce que sont compassion et tendresse. et tu lui prodigues ta chaleur parce que tu pleures pour le drame qui se joue et qui s’est joué. pauvre bête. tu touches la tête du r’nard qui tremble contre ta poitrine. lui-même regrette sûrement. lui-même se dégoûte pour l’odeur du sang qui trône sur ses babines qui dissimulent des crocs émoussés. tu lui touches les oreilles et le frôles de tout ton amour. étrangement il se fêle l’inconnu. il semble troublé.
il paraît peiné
par un truc qui t’est désespérément étranger
c’est paradoxal au nombre d’années passées à courir les rues et les monts mais au fond l’homme t’est secret. inexplicable. son visage de fendille de choses trop compliquées ; seuls les animaux sont aisés à appréhender. animés par des instincts qui n’ont aucun lien avec les émotions. « pathétique » tu lui coules un regard inquisiteur lorsqu’il s’approche -il brise la mince distance entre vous et frappe. tu couines à peine le ventre malmené jusqu’à terminer à terre. tu t’attends à mourir et tu dardes tes yeux immenses dans ceux de ton interlocuteur. c’est une mort que tu mérites sans doute. c’est une fin que tu redoutes.
sans avoir trouvé ta fée
finir simplement tué
et tu sembles tout craindre sauf l’éclat brillant qui menace de se ficher dans ta poitrine. le bruit des pas qui se presse est terrifiant. il ressemble à un funeste présage et tu songes que c’en est un. le gamin a parlé. le môme t’a dénoncé. c’est normal en réalité. quel père et quel frère ne se dépêche pas à la suite du criminel qui dépossède un enfant du clan de son bien le plus précieux ? aucun. « va-t’en » tu demeures immobile. tu soupçonnes ton imagination de te jouer quelques tours mesquins. le goupix s’écrase entre tes doigts et tu l’y serres. tu veux seulement qu’il l’épargne. et tu comptes lui demander. et tu espères que tu seras exaucé. « trouve de quoi chasser. de quoi t’hydrater. de quoi empêcher ton renard d’attaquer par la faim. de quoi l’empêcher de souffrir. et va-t’en. voilà ce que tu peux faire » c’est à ton tour de trembler de tout ton être. ses mots te percutent et les larmes maculent tes joues. c’est pathétique ; heureusement que tu n’es pas dauphin. sur quelles épaules reposent le trône sinon celle d’un homme plus avisé que toi ? ébranlé tu te redresses sur tes chevilles qui chancellent. et toi ? et toi gamin des bois ? « ils arrivent » tu sais tu les entends. leurs voix résonnent sous la cime des arbres couverts de neige et cela ressemble à un chant de guerre. « pars avant qu’ils ne t’attrapent. ils seront sans merci » et toi môme des forêts ? qu’est-ce qu’il va advenir de ton corps taillé par les sauts que tu tentes des branches usées ? c’est davantage pour celui qui t’accorde une échappatoire que pour toi que tu t’abîmes dans un gouffre sombre. « cours. il ne t’arrivera rien » il se répète et chuchote.
et tu l’attrapes de peur de te retourner
tu chopes la lame qui pendouille à son côté et entaille ton bras de telle sorte que l’eau rouge pisse sur celle qui est tombée des cieux grisâtres. « tu vas avoir des ennuis si tu me laisses partir sans avoir lutté » alors tu appuies sur la plaie et ordonne au sang de s’échapper à grosses gouttes sur le sol clairsemé. « et je ne veux pas t’en attirer plus » alors chasse-moi c’est ce qu’annoncent tes longs cils qui papillonnent. tu enroules ton bras dans le linge qui traînait depuis que le petit corps de plume s’est éloigné. tu t’empares de sa main et commences la douloureuse débandade kajaal bloqué sous l’épaule. « chasse-moi jusqu’à l’orée de la forêt » tu exhales un hoquet. « en rentrant tu diras que des soldats m’y attendaient » un deuxième. « mais que tu m’as salement amoché le sang témoignera en ta faveur » et tu accélères en sautant à travers les broussailles. il connaît rhivarion.
pas toi
mais ça ira peut-être
sauf s’il décide de tout achever là et de tirer ; s’il le fait tu ne peux décemment pas lui en vouloir. mais ses flèches sont évidemment les seules que tu accepteras de voir s’enfoncer dans ton échine parce qu’il est le seul à pouvoir venger son amie. mais déjà tu sens que tes poumons brûlent. une pause dans ta course effrénée voilà ce dont tu as besoin.
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Jeu 29 Déc - 10:40
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A - Séraphin de Carheil.
Paupières closes. Premier réflexe avant que son odorat ne se détruisisse lorsque les effluves sanguines, qui teignaient encore son ombre de souvenirs rougeoyants et affreusement éclatants, avaient effleuré ses narines de par leurs caresses brûlantes, leurs vérités qui témoignaient ses outrages à travers le son étouffé de leur écrasement pittoresque, comme si tout pouvait naître d’une plaie, chuter et s’étaler sur sa fin dans une robe colorée et trompeuse qu’est ce rouge de guerre, sans que le bruit n’alertât la moindre ouïe. Ce fut ce qu’il s’était : progéniture qui avait entraîné la douleur, la mort puis la vie, puis à nouveau la mort et la douleur, échappée d’une plaie sale en attendant curieusement sous quelles souffrances elle disparaîtrait sans doute à son tour. C’est ce que tu es, Saym. Compétent pour libérer cette odeur de sang de sa cage, de son cachot qu’est la vie. L’arme blanche qui décorait son dos et les têtes éparpillées dans son précédent périple jouaient l’indéniable preuve de l’impureté de ses mains, des épines de ses fautes.

Alda. Son regard se perdit un court instant en la cherchant. Elle lui manquait. La douceur de son plumage contre la chaleur de sa nuque et les petites caresses qu’elle lui accordait du bout des ailes sur ses invisibles larmes, ses inaudibles pleurs ; la tiédeur de sa présence sur son épaule laissait un vide glacial contre sa peau, sur ses ressentis, elle qui pourtant avait le loisir de le calmer. Ses lèvres commencèrent à trembler et il les mordit fort pour qu’elles cessassent de dévoiler sa faiblesse, sa folie à tout annihiler, voulant tarir sa colère et son chagrin. Sa conscience lui rappela lourdement qu’il avait pris la responsabilité d’un inconnu et de son renard affamé sur les épaules […] que la foudre de ses congénères abattrait à la moindre inattention. Alors Saym le laissa terminer son acte et peindre cruellement la blancheur innocente de la neige. Il le laissa parler malgré les battements accélérés de son cœur, suppliant intérieurement qu’il arrêtât, qu’il étouffât tout ce mal d’une simple fuite. Une de plus. Il le laissa lui prendre la main et guider son corps automate à travers les arbres et les pièges de la forêt, leurs pas couverts par leurs souffles, leurs souffles couverts par leur silence. L’étranger guidant le viridien. Et il fixa longuement son dos. L’arc revint finalement s’emboiter à son épaule.

L’horreur des voix de sa tribu s’éloignaient, s’embrumaient. Peut-être suspendraient-ils leurs recherches en croisant les tâches, les Pollock de sang et l’absence des trois vies qui s’y tenaient. Peut-être. Mais le droit de ralentir leur cadence n’en était pour autant guère permis. Les humeurs bondissantes de Yekel pouvaient mener la tribu à bien des lunes de Rhivarion, à bien des dangers de l’inconnu. Ses pieds appuyèrent davantage leur course, se tapissant aux côtés des pas de l’étranger. Les saccades de son souffle emprisonnaient les mouvements de ce dernier, et Saym comprit avec une pointe de pitié qu’il s’en demandait trop - bien trop. Une main alla lui saisir l’épaule, et un regard lui demanda de s’interrompre.

« Laisse ton renard, dit-il doucement une fois en arrêt. Il saura nous suivre, c’est son élément. »

Ses yeux balayèrent les alentours en s’assurant que le temps était encore de leur côté. Il attendit de sentir une légère brise avant de se retourner vers l’inconnu. Quel étrange personnage ; tremblant de peur et faible face à la moindre menace, pourtant assez brave pour s’entailler le bras et ne nantir personne à l’abandon.

« Nous ne sommes pas assez loin. »

Sur ces mots, il lui fit signe d’approcher. Il décrocha son port de cuir, détachant la hache de son être, pour le lui enfiler en alignant l’arme à la diagonale de son dos. Son sac de flèches vint se caler contre son échine, puis ce fut au tour de l’arc d’orner son épaule. Son cœur s’embauma d’une étrange tristesse quand il prit le temps de l’observer, alourdi par l’attirail d’un viridien, d’un sauvage plus communément dit. Cet affreux contraste n’était point digne de persister. Un encadrement violent à un visage doux qui regrettait de simples crocs dans la chair d’une chouette.
Cette pensée refoula définitivement sa colère.
Un soupire lui traversa les lèvres tandis qu’il balaya sa chevelure. Il s’approcha de l’étranger, lui donna le dos et se pencha assez pour enrouler ses bras autour de ses cuisses, puis le souleva. Il l’obligea ainsi à prendre place sur lui, contre sa fourrure qui bientôt partagea le sang de ses vêtements.

« Tu es fou, lâcha-t-il en entamant la marche. Vadrouiller dans la forêt sans vivres ni breuvage, sans même être capable de courir suffisamment longtemps. Je me demande quelle absurdité t’a conduit à une folie pareille. »

Sur quoi sa marche se transforma en trot, et il poursuivit petit à petit la route vers la lisière, s’assurant parfois que le renard les suivait. Un pas pour deux. Et pour une obscure raison, cela le rassurait.
Nous craignons plus la douleur que la mort.


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Ven 30 Déc - 20:17
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Tu n’oses rien dire, Séraphin. Pas de peur des coups et de la colère de ton interlocuteur, non. Seulement en réponse à l’inquiétude d’user davantage ton souffle et ta gorge déjà brûlée par les goulées d’air que tu exhales douloureusement. Tu menaces de pleurer. C’est le froid, sans doute. C’est le sang qui s’échappe en minces fils carminés. Il coule sur les phalanges serrées en poings farouches. Il perle et tu cherches à retenir l’eau rouge pour ne pas dessiner un chemin écarlate à ceux qui hurlent dans l’obscurité de la saison enneigée. Talvi est trop avancée. Tu peines à reprendre contenance et de sombres nuages s’amoncellent bientôt face à tes paupières qui tanguent. Pourtant, il stoppe nette ta course, l’autre. Il t’arrête et s’adresse à toi d’une voix qui te paraît presque caressante dans un tel moment. Il n’est pas différent.
Il veut seulement sauver sa propre vie.
Il cherche sûrement à protéger quelque chose, ou peut-être quelqu’un. C’est ce qui, étonnamment, vous offre un semblant d’humanité dans un monde où tout est brutal -y compris la manière d’achever son aventure. Un frisson se meurt à ton échine lorsqu’il articule des paroles qui menacent de t’arracher un refus tranché. Tu ne veux pas lâcher ton renard. Tu ne veux pas abandonner ton ami. C’est son élément. Kajaal est de ce monde-ci, Séraphin. Contrairement à toi, gamin. Toi, tu es de ces morveux des cités, des grandes villes où tout est plus simple et où la bouffe tombe dans le bec sans les longues heures de traque. « Nous ne sommes pas assez loin. » Tu vas courir, ça ira. Tu t’apprêtes à le préciser, agité par les secousses de l’oxygène qui pénètre en innombrables hoquets dans ta poitrine qui se soulève difficilement.
C’est la mauvaise saison.
Tu esquisses quelques pas jusqu’à lui à son ordre, excessivement docile. L’idée qu’il puisse constituer un danger ne te frôle pas. La possibilité qu’il te tue ne t’inquiète pas outre mesure; sans doute parce que tu es un gosse mué par des instincts annihilés par une conscience trop développée. Et tu songes qu’ils sont tous comme toi. Et tu penses qu’ils sont tous animés par de belles pensées -inutile de prêcher Mihireti face à toi, le dieu miséricordieux est manifestement devenu ta philosophie.
Tes lèvres s’ouvrent frénétiquement lorsqu’il te hisse sur son dos avec une délicatesse surprenante -la même dont il a usé en manipulant sa belle amie ailée. N’importe qui, ainsi jeté sur une épaule étrangère, formerait un cri consterné. Mais pas toi. Tu n’as pas le droit. Comment guider les hommes à vos trousses? En hurlant. Et les rencontrer est définitivement le dernier de tes vœux. « Tu es fou. » Tu acquiesces, même s’il ne peut pas le voir. « Vadrouiller dans la forêt sans vivres ni breuvage, sans même être capable de courir suffisamment longtemps. Je me demande quelle absurdité t’a conduit à une folie pareille. » Tu hésites. Tu dessines un sourire pâle sur tes lèvres légèrement bleuies. « Une enfant. » La petite fée agressive que tu pourchasses maladroitement. « Elle traîne souvent dans les environs. » Tu n’ajoutes rien à son sujet, au cas où. Peut-être qu’ils sont du même clan. Côtoyer un étranger est interdit, chez eux. Lèvres pincées, tu éludes les potentielles questions et enchaînes sur sa suspicion. « J’ai laissé ma monture à l’écurie. Elle s’est blessée récemment, même si ce n’est pas une plaie sérieuse, je ne voulais pas l’emmener dans les bois. » Tu veux éviter les risques d’infection et de surmenage. Tu préfères marcher plutôt que d’ouvrir la blessure. La course n’est pas grand chose en comparaison de la mort d’un compagnon de voyage. « La majorité de mes vivres sont restés avec elle. » Tu retrouves le silence, un moment durant. Tu ne sais pas réellement quoi dire pour tisonner le feu et ne pas mourir sans un son.  « Je suis désolé. » Désolé d’être un fardeau qu’il porte à bout de bras. Même Kajaal peine moins que toi alors qu’il est tout aussi étranger que toi à ces bois. Il dessine seulement un chemin au hasard, ses quatre membres s’activant avec frénésie. Ses oreilles s’agitent de temps à autre, comme s’il quêtait le danger. Comme s’il ne se sentait réellement en sécurité qu’au creux de tes bras fins. « Je pense que tu peux me poser. Je vais faire un pansement pour éviter que le sang ne se perde davantage et donner un peu d’eau à Kajaal. » L’animal lève le museau à l’entente de son patronyme. Depuis le temps qu’il le porte, le renard se reconnaît aisément. « Je devrais pouvoir reprendre la course ensuite. » Tu attends qu’il s’exécute pour récupérer la gourde -il ne reste plus grand chose, seulement un fond- et la présenter au goupil qui se presse contre le goulot. Le liquide pisse entre ses lèvres noirâtres. « L’air est vraiment sec. » Tu as l’impression d’être dans le désert. Tu enroules ensuite ton bras dans un tissu propre dissimulé dans ton sac en cuir, exerçant une pression suffisante pour que l’hémorragie se stoppe peu à peu. Tu serres l’ouvrage de fortune du bout des crocs. « Voilà, ça devrait tenir jusqu’à mon retour. »
BY MITZI
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