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La saison des neiges, ou saison de la nuit dans le nord du monde. La neige recouvre la terre et la nuit quasi-perpetuelle couvre le septentrion.
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[Libre] Chez les bandits, ça sent le roussi ||

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Mar 31 Jan - 1:15
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Le jeune serpent était dans une impasse, ou presque. Cela faisait déjà quelques mois qu'il s'aventurait hors du Rhivarion, complètement dépaysé, passant de villages en villages, de tavernes en tavernes, sous les regards méfiants, amicaux ou indifférents de ceux qui croisaient son chemin. Si on oubliait la réputation qu'avaient les viridiens, sa propre défiance envers ces faibles de nuilyens, le fait qu'il fut un homme-bête du Rhivarion, sans exclure son propre tempérament -ce qui attisait davantage la crainte et la méfiance de la part des paysans- sa vie ne se déroulait pas trop mal jusqu'ici. Bizarrement et malgré ça, des petites vieilles nuilyennes se regroupaient souvent autour de lui lorsqu'il s'asseyait dans un coin de village pour se reposer une heure ou deux, jouant quelques morceaux de flûte pour gagner quelques pièces. Son air bougon et froid ne les repoussait pas pour autant. C'était dans ces moments-là que Lebannen avait hâte de passer définitivement à l'âge adulte. Enfin, au moins, ces paysannes lui offraient des gâteaux et autres  cochonneries nuilyennes qui pouvaient lui servir de vivres et n'étaient pas dégoûtants. Il n'avait même pas besoin d'ouvrir la parole, puisque la plupart du temps, elle se contentaient de caqueter entre elles. Il commençait vaguement à s'accoutumer aux plaines de Nui, même s'il était loin d'avoir terminé de s'étonner des myriades de différences culturelles qui existaient en Osa'alia, pour le meilleur ou pour le pire. Il ne pouvait néanmoins pas s'empêcher de trouver certaines de leurs traditions ridicules, et le manque d'arbres lui donnait cette affreuse sensation d'être constamment à découvert. Au début, ça le rendait un peu paranoïaque. Toute sa vie, il avait vécu avec l'idée d'un possible danger imminent à chaque balade en forêt. Les bêtes sauvages qui vivaient dans le Rhivarion ne pardonnaient pas le moindre faux pas. Au moins, avec tout ces arbres, on pouvait se dissimuler au moindre danger. Dans ces ridicules étendues d'herbe fluorescente, ce n'était pas le cas.

Ce n'était toutefois pas le moment de cracher son venin à la tête de ces étrangers ainsi que sur la région, car le garçon serpent était, précisons-le encore une fois, dans une situation bien délicate. La troupe de bandits qu'il avait rejoint le temps du voyage jusqu'à Ypsokhrisòs -il avait réussi à les convaincre de son utilité, malgré son jeune âge- venait de l'enfermer dans une pièce adjacente de la taille d'un placard à balais, dans une petite maisonnette abandonnée au sein des bas quartiers de la capitale. Il savait que ce n'était pas une très bonne idée, mais il s'était dit qu'il pourrait tirer profit de ce "partenariat" avec ces bandits, avant de disparaître comme s'il n'avait jamais existé parmi eux. C'était justement ce qu'il allait faire, quand un de ces imbéciles saouls et nauséabonds qui passait par là l'avait pris la main dans le sac en train de voler une dague en argent et un paquet de vivres, pillés à un convoi de marchands. Décidément, la chance ne lui souriait pas depuis son bannissement. Les mains nouées derrière son dos, la joue droite et la jambe gauche douloureuses à cause des coups qu'il avait reçus, Lebannen était assit en tailleur, attaché contre la barre d'un lit en paillasse, ankylosé. Il n'aurait su dire depuis combien de temps il était là, puisque l'espace temps n'était pas clair lorsqu'on était dans le noir depuis trop longtemps. Il réfléchissait à une solution tout en tentant de garder son calme, l'esprit aussi froid et calculateur que son animal totem qui était déjà alerte. L'état de ses canines, allongées en crochets, ne pouvait que confirmer l'omniprésence de son instinct bestial et reptilien. Ses yeux devaient être ceux d'un serpent, dilatés et reptiliens puisque plus le temps passait, plus il commençait à y voir comme en plein jour. Il sentait les frissons caractéristiques de son corps répondant à l'adrénaline du danger, de son âme qui lui susurrait, l'invitait à se métamorphoser pour faire face à la menace. Il n'était pas une proie, non, il était un chasseur. Il était le serpent, il était Lebannen, tous deux ne faisaient qu'un, et il leur fera regretter leur arrogan... Lebannen secoua sèchement la tête pour remettre ses idées en place. S'il perdait l'avantage de la réflexion humaine, l'évasion risquerait d'être plus compliquée qu'elle ne l'était déjà, voire vouée à un certain échec. Il était néanmoins inutile d'essayer de se défaire par la force de ces liens qui lui rongeaient les poignets. Il allait devoir entamer sa métamorphose, en espérant ne pas perdre le contrôle face à son autre lui.

Le garçon serpent avait également un autre avantage: ces bandits ignoraient qu'il était un sans-pur, et ses écailles apparentes ne voulaient pas forcément dire qu'il en était un, puisqu'il existait aussi des humains possédant des séquelles de leurs ancêtres métamorphes. Le bénéfice du doute, ainsi que l'effet de surprise, étaient donc avec lui, et ces types n'avaient pas réussi à tirer une seule information sur lui. Quelque fut la punition qui lui était réservée, il ne se laisserait pas faire par ces demeurés et il ne souhaitait pas recevoir encore une autre forme de traitement qu'on donnait aux traîtres, voleurs, ou déserteurs. Le tatouage lui suffisait amplement. Lebannen ferma les yeux et se concentra. Il laissa son autre lui le guider. Un frisson familier traversa sa colonne vertébrale, et une douleur toute aussi familière le parcourut progressivement, lente et insidieuse. Le rythme de son cœur s'accéléra, le bruit se répercutant dans son crâne. Le garçon serra les dents à s'en faire des crampes à la mâchoire. Il se roula en boule tant bien que mal et se courba légèrement en avant, les muscles du dos tendus. Tandis qu'il se concentrait encore, des écailles poussaient sur sa peau frissonnante. Lebannen se força à respirer profondément, malgré sa respiration qui se faisait haletante, la sueur perlant sur son épiderme. Il se concentra davantage. Ses sens humains s'entremêlaient à ceux du reptile qu'il était, qui commençaient à le dévorer. Tous les sons environnants se répercutèrent douloureusement dans ses oreilles, son odorat se fit bien plus fine -il grimaça de dégoût, l'odeur rance de sueur, de poisson et de moisissure lui donnaient la nausée-, et sa vue devint légèrement plus floue, moins colorée. Il sentait. Il voyait à travers ses sens olfactifs, ses yeux ne lui servaient plus à rien à l'instant présent. Il réprima un cri de souffrance quand il sentit ses premiers os se rétracter, annonçant la suite de la métamorphose de sa masse corporelle. Il persista néanmoins à rester le plus silencieux possible, entre de nombreux halètements de douleur et de gémissements étouffés. Le processus mit un certain temps, mais ses liens finirent par tomber avec ses vêtements un peu déchirés par endroits, ses mains ayant disparu pour laisser place à un serpent aux écailles brillantes immaculées.

Lebannen se faufila entre ses vêtements maintenant inutiles et descendit du lit inconfortable. Les sens aux aguets, il se cacha dans la pénombre. Il entendait par le biais des mouvements et des vibrations toute l'activité des bandits dans la maisonnette. L'un d'entre eux reniflait sa morve de manière peu ragoutante, un autre grignotait un morceau de fromage et du pain dur, un autre passait par là d'un pas désespérément pesant. Il ne comprenait le langage humain qu'aux trois quarts pour l'instant, et ne saisissait donc que quelques bribes de conversations par-ci par-là, qui faisaient plus ou moins sens. Dardant sa langue, il goûta l'atmosphère aussi nauséabonde que ces humains. Des pas approchèrent de la pièce, suivis d'une odeur de nourriture. Le serpent attendit patiemment que la porte s'ouvre. Contre toute attente, l'homme qui lui apportait son repas semblait stupéfait face à l'absence du prisonnier. Lebannen attendit qu'il entre inspecter la pièce. Son animal totem, furieux et terrorisé, lui susurrait de planter ses crochets dans la jambe de ce malotru puant, mais il fit taire ses envies avec force. Attaquer ne ferait qu'alerter les autres encore plus rapidement. Quand le bandit fut occupé à inspecter le lit, les sourcils froncés, Lebannen glissa jusqu'à la sortie de la chambre, ses écailles frôlant le sol dur et froid, sans un bruit. Il frôla les murs, goûtant l'air pour déceler sa propre odeur humaine tandis que d'autres couraient dans les couloirs sans le voir. Il fallait qu'il récupère ses affaires avant de quitter les lieux, n'en déplaisait à son instinct animal qui le poussait à s'en aller le plus loin possible de cet enfer de sons et d'odeurs insupportables, de ce nid d'êtres humains.

Les humains enfermés dans la maisonnette s'agitèrent lorsque le bandit donna l'alerte. Ils le cherchaient. Le serpent passa entre l'encadrement d'une porte, continuant de pister sa propre odeur humaine, plus agréable que celle de ces truands. La pièce était remplie d'affaires déposées en bazar ça et là. Prudent, Lebannen trouva un coin, le temps que les choses se calment. Il s'enroula passivement sur une pile de vêtement situés sous un meuble. Après tout, c'était la saison des neiges, il était censé hiberner. Rien qu'une petite sieste... La porte s'ouvrit à grand fracas. Il ouvrit un œil, sa langue ne cessant pas de goûter l'air pour analyser les mouvements des intrus. Plusieurs humains fouillèrent, se criant des choses et d'autres, et finirent par abandonner. Par chance, ils laissèrent ses affaires et claquèrent la porte, le laissant seul. Le reptile s'endormit calmement, puis se réveilla quelques heures plus tard, la faim au ventre. Ce n'était néanmoins pas le moment de chasser, non. Lebannen sortit de sous le lit. Le serpent qu'il était fut prit de soubresauts et sa masse se modifia pour se muer laborieusement en un humain, nu comme un ver. Seuls ses crochets perduraient: il n'allait pas se priver de mordre quiconque s'approchait trop près de lui. Le jeune garçon, épuisé, attrapa un pantalon ample un peu trop grand pour lui, laissé sur une chaise en bois, et l'enfila avec des gestes lourds et imprécis. Il examina ensuite la seule fenêtre que possédait la pièce, et constata avec soulagement qu'il se trouvait au rez de chaussée. Il faisait également nuit. Deux bandits à la démarche instable déboulèrent dans la petite pièce en riant, rires qui s’interrompirent lorsqu'ils comprirent qui était le gamin torse nu qui leur faisait face, le visage impassible. Lebannen, réagissant au quart de tour, saisit la dague en argent au sol et la lança sur l'un des truands. Ce dernier hurla, la recevant à l'épaule. Manque de chance, il avait mal visé, la fatigue de la métamorphose brouillait ses sens. L'autre se mit à crier l'alerte.

-LES GARS ! LE GAMIN EST DANS LES VESTIAI... !

Il fut momentanément interrompu par une chope vide qui percuta violemment son crâne chauve -parce que les bandits étaient toujours chauves-, bien évidemment lancée par Lebannen qui profita de la diversion pour ouvrir précipitamment la fenêtre et sauter à l'extérieur, pieds nus. Le cœur battant, il se mit à courir comme si sa vie en dépendait, et... c'était le cas. Les bandits ne mirent pas longtemps à se retrouver à ses trousses. Il était dans une sale situation. Le pire, c'était que quand il les aura semé, il devra retourner dans leur quartier général pour récupérer ses affaires, d'une importance vitale et sentimentale. Surtout qu'il était totalement désarmé, torse nu. Il allait devoir façonner un plan qui tienne la route. mais d'abord, il devait disparaître du champ de vision des dix bandits qui lui couraient après. Ils avaient la rancune tenace.
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